La thérapie familiale : et si vos parents et votre famille étaient la cause de vos problèmes psychologiques ?

Drôle de chose que la famille, dans la culture, l’idéologie, les valeurs et la vraie vie.

Car d’un côté, la famille est parée de toutes les vertus : les partis politiques la défendent mordicus en tant que valeur sociétale fondamentale, des films, séries, romans et autres créations culturelles en font le cœur dramatique de l’histoire – les pères et mères se sacrifient pour leurs enfants, pleurent chaudement la maladie ou la mort de leurs parents, etc. Pour les religions aussi, la famille représente l’alpha et l’oméga, le début et la fin du monde. L’idéologie familiale s’infiltre jusque dans la pub, où les produits les plus divers, du yaourt aux voitures en passant par les assurances, deviennent les vecteurs du bonheur familial tant recherché, lui assurant santé et sécurité.

Et de l’autre côté, la famille est, statistiquement, le lieu de nombreux crimes et délits, de nombreuses violations des normes sociales et de nombreux traumatismes psychologiques. 

En effet, les stats montrent que c’est en famille que se déroule le gros des agressions sexuelles : l’inceste, par définition, mais aussi des viols et autres abus, commis par les parents, grands-parents, oncles et tantes sur leurs descendants enfants ou adolescents et également les violences parentales et conjugales, les abandons, les parricides, matricides et autres infanticides.

En bref, la famille représente aussi bien une force d’amour, de bienveillance, de soutien affectif, d’équilibre mental, qu’une force de destruction psychologique, de psychotraumatisme profond et durable, de névrose.

De plus, quand un membre de la famille est touché par un drame, c’est souvent toute la famille qui s’en ressent : un secret de famille contamine même les générations venues au monde longtemps après les faits traumatisants.

Pour traiter ce que la famille fait de mal à ses membres, il existe toute une série de thérapies familiales.

 

Les thérapies familiales

 

La psychanalyse inventée par Freud à la fin du 19e siècle a sans doute été la première grande théorie psy mettant en cause la famille comme facteur permanent de psychopathologie. Avec son concept de complexe d’Oedipe, Freud attribue à toute l’humanité une volonté de tuer son père pour coucher avec sa mère, accomplissant ainsi un double crime, parricide et inceste.

Mal fondée scientifiquement, la psychanalyse comme thérapie par la parole reste une pratique thérapeutique assez en vogue, même si elle a vu émerger des concurrents plus « jeunes », comme la pratique des constellations familiales.

La théorie des constellations familiales suppose que des événements traumatiques survenus lors de générations précédentes, contribuent à causer des troubles psychiques des décennies après, parce qu’ils ont changé la manière de vivre, de sentir et de se comporter, des personnes affectées. Par exemple, la fille d’une mère abandonnée par son père, aura peut-être un comportement amoureux visant à compenser l’absence de ce grand-père, ressentie en creux par le comportement évitant de la mère à l’égard des hommes.

Même si les constellations familiales peuvent avoir leurs dangers, elles peuvent aussi aider la personne en thérapie à prendre conscience de la manière dont des drames vécus par autrui ont pu la toucher de manière indirecte et inconsciente, de sorte que les comportements problématiques se retrouvent mis en perspective et contrebalancés par une volonté consciente d’y remédier.

Une autre forme de thérapie familiale, la thérapie systémique, se base sur l’idée que les membres d’une famille font système, que les comportements, le ressenti, les idées de l’un vont forcément se répercuter sur les autres, dans un processus d’adaptation permanent. Par exemple, la déprime d’un enfant va toucher les parents qui vont soit déprimer à leur tour, soit ignorer le problème pour sauvegarder leur équilibre psychique, soit adopter une attitude active et potentiellement s’y épuiser si leurs efforts n’aboutissent pas. Dans ce contexte, soigner l’un est aussi soigner tous les autres.

Ainsi, au fond, que la famille soit source de bonheur ou de malheur, c’est encore par la famille qu’on le soigne le mieux.

Facebook
Twitter
LinkedIn